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Compte-rendu de la séance d’ouverture

Treize personnes ont pris la parole lors de la séance d’ouverture.

Par rapport au Ier Forum de l’année dernière à Marseille, nous avons observé que ce IIe Forum des forces progressistes, écologistes et de la Gauche européenne organisé à Bilbao constitue une avancée tant en termes de participation que de contenu. Nous avons envisagé que cette rencontre ne porte pas uniquement sur la réflexion, mais également sur l’action. Aussi, la participation de syndicalistes et de mouvements sociaux dans les débats à mener au cours des prochains jours revêt une importance fondamentale.

Nous, les forces ici rassemblées, nous heurtons à un défi de taille : aider à éviter que seuls deux projets ne soient présentés à la société, à savoir celui de la droite ultralibérale de Macron et celui de l’extrême droite autoritaire de Salvini et de Le Pen. Dès lors, nous devons construire un projet pour une nouvelle Europe, celle des droits sociaux, des citoyens et du travail, une Europe profondément démocratique et capable de garantir tous les droits humains à tous les êtres humains.

Il s’agit d’une Europe qui rompt avec l’idée erronée que le choix porte uniquement sur la dichotomie entre un retour à l’État-nation et le développement d’une Union européenne ultralibérale et fort limitée sur le plan démocratique.

C’est une nouvelle Europe construite et articulée autour de nouvelles règles, qui, dans le plus grand respect de la souveraineté populaire, accepte des clauses de sauvegarde pour les États.

Dans le contexte auquel nous faisons face, la grande coalition de personnes de droite et de sociaux-démocrates sur laquelle l’Union européenne a été bâtie risque d’être remplacée par une nouvelle coalition néolibérale et réactionnaire. Cette question nous rappelle davantage le besoin de développer notre propre proposition face à ces deux dernières.

La préparation de notre propre projet de société nous oblige à analyser les profondes mutations intervenues dans une économie qui mondialise la production tout en plaçant toutes les structures du pouvoir au service du capital.

L’inégalité a progressé et l’ordre néolibéral a sanctionné de nombreuses personnes, marginalisées par la mondialisation. Les dépenses militaires augmentent au même rythme que la pauvreté et que le recul de la qualité de vie.

En réalité, nous traversons une période de profonde confusion pour des millions d’êtres humains, qui ressentent de l’insécurité face au monde environnant et, surtout, à leur avenir. C’est pourquoi la question de la sécurité, au sens le plus large, est au cœur du débat idéologique.

La peur et l’insécurité engendrent la méfiance. Elles ôtent toute légitimité aux institutions et constituent un terreau fertile à la croissance de l’extrême droite, qui se présente comme une alternative contre le système. Ce fut le cas lors des élections américaines, puis de nouveau en ce moment au Brésil. De ce fait, il faut regrouper au sein d’une même stratégie la construction d’une alternative au capitalisme prédateur et celle d’un mur de contention de l’extrême droite. C’est la base d’un appel au lancement d’une grande alliance antifasciste en défense de la vie, de la démocratie, de la justice sociale et de l’égalité.

Il faut prouver que ce ne sont pas l’immigrant ni les politiques progressistes qui créent l’insécurité. Elle est suscitée par ceux qui mettent en place les conditions forçant des millions de personnes à abandonner leur lieu d’origine, de même que par ceux qui mènent des guerres ravageuses pour les peuples ou qui entérinent des lois menant à la précarisation du travail et des conditions de vie.

Notre projet pour une Nouvelle Europe doit confronter les modèles néolibéraux. Il doit convaincre ceux qui rencontrent des problèmes dans leur quotidien qu’il va permettre que l’économie serve à améliorer les conditions de vie du peuple. Il doit prouver à ceux qui assistent à la dégradation de l’environnement qu’il va restaurer la durabilité. De fait, la vie ne peut pas exister sans défendre l’environnement. De plus, nous devons réussir à incorporer le féminisme à la centralité de l’action sociale et politique. Cela implique une remise en cause d’un modèle de société injuste qui limite le développement intégral de l’être humain et relègue la femme dans des rôles spécifiques. Le changement et l’alternative seront encore plus féministes, sinon ils ne se produiront pas.

Sur cette base, à partir de ce Forum et conscients que les bons arguments ne suffisent pas à eux seuls, nous voulons être porteurs d’illusion et d’espoir. Face à la démagogie, qui cherche à fanatiser les peuples, nous devons transmettre des sentiments et des valeurs.

Nous devons nous opposer à une proposition suscitant l’illusion et œuvrer à la base, dans les quartiers, sur les lieux de travail, là où les gens vivent, travaillent et luttent. La transformation n’interviendra pas sans lutte, sans confrontation ni mobilisation.

C’est pourquoi le combat pour les idées et la conception de stratégies pour mener nos batailles communes et construire notre propre programme politique revêtent une telle importance. Ainsi, nous ne nous laisserons pas emporter par des programmes imposés par la droite la plus extrême. Ce doit être le projet pour la vie et les valeurs d’hospitalité, de coopération entre les peuples et de solidarité.

Nous devons mettre en avant des propositions d’actions concrètes capables de contester l’hégémonie de la droite la plus extrême.

Cette extrême droite ne se prépare pas à une progression lors des scrutins, mais plutôt à la prise du pouvoir et à la construction d’une société autoritaire et patriarcale renforçant les structures de domination et mettant fin à toute forme de démocratie. Cette extrême droite est susceptible de nous conduire à la destruction de l’Europe.

Sur la base de ces idées, il est essentiel de réfléchir à la manière de faire aboutir ce Forum, en transmettant à toute l’Europe les idées et les propositions discutées ici.

À nos yeux, la continuité des espaces de réunion pluriels et divers revêt une grande importance. C’est pourquoi il est essentiel de réaffirmer notre engagement à organiser le IIIe Forum en 2019. Le travail du Progressive Causus en tant que groupe de rencontre des députés européens des groupes des Verts, des Socialistes et de la Gauche unitaire a également été très bien accueilli.

Nous observons que la diversité est une richesse lorsqu’elle prend le pas sur ce qui nous unit et que nous rejetons les personnalismes et les divisions. En effet, c’est une manière de nous renforcer et de développer davantage nos points communs.

Assurer tout au long de l’année la continuité du travail présenté à cette occasion est tout aussi important que la préparation du 3e Forum. En conséquence, nous proposons de mettre en place des groupes de travail dûment coordonnés pour mener à bien les différentes tâches, de sorte que la coopération, la coordination et le travail collectif nous permettent d’aller de l’avant.

En définitive, comme le titre de la séance d’ouverture du Forum l’indiquait, il s’agit de continuer à construire le Forum ensemble, nous tous, hommes et femmes.